Si l’Union planche sur l’étiquetage nutritionnel des aliments, « il n’y a pas de proposition visant à imposer, sur les étiquettes de denrées alimentaires, des avertissements relatifs à la santé, ou à interdire la commercialisation ou la vente de produits, quels qu’ils soient », démentait le Parlement le 29 juin.
Quoi qu’il en soit, avec son huile de palme et son sucre qui représentent 60 % des ingrédients, au bas mot, le Nutella ne sera pas reçu au paradis des gourmandises saines. Il ira plutôt tout droit en enfer, dans la section « junk food ».
Le groupe italien Ferrero a beau jouer la carte de l’aliment santé dans ses campagnes publicitaires. Et assurer sur son site internet que : « les qualités nutritionnelles du Nutella sont apportées en grande partie par les noisettes qu’il contient (soit 13 % du produit). Il apporte du calcium, du magnésium, du phosphore et surtout des graisses insaturées, que les nutritionnistes privilégient aux graisses saturées. » Personne n’est dupe : le Nutella est principalement une source de calories vides sans aucun intérêt pour la santé.
Du sucre, de l’huile et quoi d’autre ?
Démonstration. Le sucre raffiné de cette pâte diabolique est dépourvu de toute vitamine ou oligoélément et favorise l’obésité et les caries. Son cacao ne fait l’objet d’aucune démarche équitable ou durable. Et, bien évidemment, il n’est pas bio. Quant à l’huile de palme, tout le monde en connaît les défauts. D’abord, elle est très pauvre d’un point de vue nutritionnel. Ensuite, la culture des palmiers à huile favorise la déforestation en Asie.
Dans son rapport Responsabilité sociale des entreprises (RSE) paru en juin 2010, Ferrero affirme faire des efforts pour s’approvisionner en huile de palme « responsable ». Le groupe italien a banni l’Indonésie (premier producteur mondial) de ses fournisseurs en faveur de la Malaisie et la Nouvelle-Guinée. Mais les pratiques agricoles n’y sont pas moins extensives. Ferrero explique faire partie depuis 2005 de la Round Table on Sustainable Palm Oil (RSPO) et promet qu’en 2011, 25 % de son huile de palme sera certifiée durable selon les critères du RSPO. Or si ce programme destiné à faire évoluer les pratiques de la culture du palmier à huile est une démarche positive, sa frilosité est très critiquée par les ONG.
Il demeure qu’une bonne partie de la population commettrait des bassesses pour une tartine de Nutella, quels que soient les ingrédients du pot. Face à ce concurrent redoutable, les fabricants bio, de plus en plus nombreux à défier Nutella sur son terrain, s’en sortent plutôt bien. Certains essayent d’imiter l’original avec plus ou moins de succès. D’autres jouent l’alternative, avec des matières premières de qualité. Inutile de leur demander d’avoir le goût du Nutella. Apprenez plutôt à apprécier leur différence. Qui n’est pas toujours dénuée d’intérêt.
On dirait du Nutella mais c’est bio…
Chez les bio, en général, le sucre raffiné est remplacé par du sucre de canne roux, ou mieux du sucre intégral (rapadura). Les noisettes sont souvent ultradominantes (45 % chez Rapunzel, un record !) ou peuvent approcher des proportions du Nutella (12 % chez Monoprix et Bonneterre, 15 % chez KaliBio). Le cacao est forcément bio et équitable, ce qui garantit de meilleures conditions de vie pour ceux qui le produisent. Et les graisses ajoutées ? Il s’agit la plupart du temps d’huile de palme… Pas mieux que Nutella, me direz-vous ?
Oui, à ceci près que l’huile de palme bio provient le plus souvent d’une plantation colombienne où la culture se fait dans le respect de l’environnement et des normes sociales. Mais elle est parfois remplacée par de l’huile de tournesol. L’arôme vanille, quand il y en a, est naturel (contrairement à celui du Nutella) et très peu d’entre eux jugent nécessaire l’ajout de sel à leur recette. Bref, des ingrédients globalement plus sains. Qui ont bien évidemment un coût : le prix des pâtes à tartiner bio est largement au-dessus de celui d’un pot de Nutella.
Ah, il est bien difficile de lutter avec une légende ! Les recettes de pâtes à tartiner maison fleurissent sur l’internet. Un livre vient même de paraître, « Je fais mes pâtes à tartiner », de Rachel Khoo (Marabout éd.). Au menu : chocolat noir épices et réglisse, chocolat blanc vanille et fève tonka, ou encore caramel aux agrumes, curd de framboise au poivre noir… Il y a une vie après le Nutella !