Une nouvelle ère de cuisines en bois est en train d’apparaître, analyse le directeur de L’Officiel des cuisinistes. Elle correspond davantage aux attentes des consommateurs européens, français en particulier. » Le must en la matière ? Le bois massif. Ce matériau noble, et donc onéreux, revient à la mode après avoir été délaissé au profit du formica.

Choisissez des matériaux certifié durable

Choisissez du bois certifié PEFC ou FSC, c’est-à-dire issu de forêts gérées durablement. Évitez les meubles ou les plans de travail en bois recouvert de vernis, qui peut contenir des solvants toxiques. Mais attention, toutes les cuisines en bois ne sont pas forcément en bois massif. « Elles peuvent être en placage, voire en mélaminé au look bois naturel particulièrement réussi, grâce aux progrès réalisés par les fabricants de panneaux ». Si vous privilégiez ce matériau pratique à entretenir, et moins cher que le bois massif, veillez à choisir des produits classés E1. Cette norme allemande certifie des émissions très faibles de formaldéhyde, un COV à la fois allergène et cancérogène pour les voies respiratoires. De nombreux fabricants utilisent exclusivement des panneaux de classe E1, à l’instar d’Ikea, de Cuisinella ou de Mobalpa.

Autres matériaux écologiquement corrects : le verre et l’inox, sains et recyclables, ou encore la pierre naturelle comme le grès, le basalte, l’ardoise, qui donneront un aspect brut à votre cuisine. Dans tous les cas, évitez les polymères (des plastiques issus de l’industrie pétrochimique), les composites (mélange de matériaux synthétiques et de minéraux), ainsi que les plans de travail en stratifié. Ce terme désigne un panneau à base de bois sur lequel sont collées plusieurs couches de papier kraft imprégnées de résine de synthèse.

Il en va de même pour les ustensiles de cuisine. Des couverts à salade en bambou ou en hêtre aux couteaux à pain en inox en passant par les torchons en coton bio, les alternatives au synthétique sont nombreuses. Avec en prime un design de plus en plus attractif.

Réfrigérateur, four, lave-vaisselle, hotte aspirante, micro-ondes… C’est dans la cuisine que sont consommés les quatre dixièmes de l’électricité de la maison, selon une étude du WWF pour Ikea. Pour vos achats de gros électroménager, fiez-vous aux performances énergétiques indiquées sur les étiquettes : de A, échelon le plus économe, à G, le plus énergivore.

Une facture énergétique allégée

Si la classe A est plus chère à l’achat, le surcoût sera compensé à terme par les économies réalisées. Encore mieux : il existe désormais des appareils estampillés A+, qui consomment en moyenne 25 % de moins qu’un modèle standard. Et cette offre éco-responsable prend de l’ampleur. Elle se compose, entre autres, d’un lave-vaisselle A+ ne consommant que six litres d’eau et d’un four à induction sans préchauffage, ce qui permet de réduire la consommation d’électricité d’un bon tiers. »

Côté frigo, privilégiez les modèles sans HFC, un gaz à effet puissant. Préférez des gaz sans impact sur le milieu comme l’isobutane. Bannissez les modèles à l’américaine, ce sont des gouffres énergétiques ! Calculez ensuite la capacité idéale pour éviter de vous suréquiper, soit environ 250 litres pour une famille de quatre personnes. Parmi les dernières innovations, citons le réfrigérateur Miele KF 12927 estampillé A+++, qui consomme 161 kWh par an, contre près de 300 kWh pour un modèle A de volume équivalent. Composé de plusieurs tiroirs, il permet une meilleure conservation des aliments frais avec un taux d’humidité adapté. Quel­ques astuces pour un bon entretien de votre frigo ? Réglez la température à 4 °C en moyenne, car 1 °C de moins entraîne 3 % d’énergie supplémentaire consommée. Dégivrez régulièrement : votre réfrigérateur consomme 30 % d’énergie en plus au-delà de 3 mm d’épaisseur de givre !

Certains fabricants ont décidé d’aller plus loin. Il en va ainsi de Whirlpool avec sa GreenKitchen. « L’idée est d’interconnecter les appareils pour faire la chasse au gaspillage, précise Vincent Rotger. Ce système permet d’économiser jusqu’à 70 % d’énergie environ par rapport à nos cuisines actuelles. Habituellement, quand on veut obtenir de l’eau chaude du robinet, on doit la laisser couler quelques secondes. Dans la GreenKitchen, on a donc installéun réservoir au-dessus du compresseur du réfrigérateur pour la stocker. L’eau ainsi chauffée par le moteur du frigo peut être utilisée par le lave-vaisselle. » La GreenKitchen devrait débarquer dans les catalogues des cuisinistes français dès 2012, avec un surcoût de 20 à 30 % par rapport à une cuisine classique.

Que mijotent les cuisinistes écolos ?

Énergivore, la cuisine est aussi la pièce qui génère le plus de déchets. Mais désormais, fini le casse-tête du tri sélectif. Les cuisinistes nous simplifient la vie avec des poubelles composées de bacs séparés, directement intégrés aux meubles. À moins que vous ne préfériez exhiber une poubelle de tri design. Le modèle Ovetto se distingue par sa forme sphérique posée sur un pied pivotant. Fabriqué en Italie dans des ateliers de réinsertion, il se compose de trois compartiments de 30 litres, que l’on distingue grâce à trois pastilles de couleurs différentes. Pour chaque compartiment, un hublot permet de jeter les déchets, une porte d’extraire le sac-poubelle. Au sommet de l’œuf, le compresseur de bouteille promet, lui, de maximiser la place. Esthétique, Ovetto est aussi écologique car fabriqué en plastique recyclé à 40 %.

Trier ses déchets, c’est bien. En diminuer le volume, c’est encore mieux. C’est ce que nous propose le Loofen. Cet appareil réduit jusqu’à 90 % le volume des déchets alimentaires grâce à un système de déshydratation. Le double filtre évite les mauvaises odeurs, ainsi que la prolifération bactériologique. Intéressant d’un point de vue hygiénique, l’appareil permet aussi de faire des économies pour les ménages déjà concernés par la « tarification incitative ». Appliquée dans une trentaine de collectivités en France, cette tarification entraîne une facture proportionnelle au poids des déchets que vous générez. La redevance se compose d’une part fixe qui couvre les services non liés à la quantité de déchets collectés comme le passage du camion benne, et d’une part variable liée à la quantité de déchets rejetés par chaque ménage. Un pari risqué ? Dans les collectivités l’ayant imposée, le poids des ordures ménagères a baissé de 15 % à 50 %, selon l’ADEME.

Une cuisine écologiquement intelligente

Imaginée en 2010 par deux designers nantais de l’agence Faltazi, dans le cadre d’une carte blanche VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement), la cuisine Ekokook permet, elle aussi, de réduire le volume des déchets de manière intelligente. « Nous avons voulu optimiser les éléments pour mieux gérer les déchets, expliquent Laurent Lebot et Victor Massip. La partie haute de la cuisine permet de stocker les aliments achetés en vrac. La partie basse permet de trier à la source et donc de gagner de la place. Le carton et le plastique sont compactés dans des tiroirs, le verre est concassé par un marteau, ce qui divise son volume par cinq, et les déchets organiques sont traités par un lombricomposteur. Les épluchures sont digérées par des vers enfermés dans une boîte hermétique qui évite le contact avec les bestioles. Le compost est récupéré dans un tiroir en bas du système. »

Et pour ne rien gâcher, cette cuisine militante récupère les eaux usées peu sales de l’évier, par exemple celles issues du nettoyage des légumes, dans un pichet pour l’arrosage des plantes.

De son côté, Whirlpool mise sur la mutualisation de l’énergie, non plus à l’échelle de la cuisine ou d’un appartement, mais au niveau d’un immeuble entier ! « Pas de réfrigérateur, mais un système qui régule, à l’intérieur de compartiments individuels, la température et le taux d’humidité. Ils sont automatiquement ajustés en fonction de la nature et de la quantité des aliments stockés, précise Vincent Rotger. Les accessoires sont branchés sur une station d’amarrage connectée à un système central de refroidissement qui peut être partagé par plusieurs appartements d’un même bâtiment. Un système qui permet aussi de regrouper les commandes des différents résidents à des producteurs locaux en une seule livraison. Des commandes accessibles n’importe où via un ordinateur, un smartphone ou une tablette. »