Boudée dans les années 90 au profit du carrelage et du parquet, longtemps victime d’une image poussiéreuse et vieillotte, la moquette est de retour dans nos intérieurs. Plus verte que jamais !

Pourquoi la moquette revient en force dans nos intérieurs ?

Quel plaisir de marcher pieds nus sur une moquette bien moelleuse… Ce revêtement de sol séduit d’abord par le confort qu’il procure, mais aussi par ses capacités d’isolation phonique et thermique. La moquette retient très bien la chaleur puisque son isolation thermique est de 10 à 12 fois supérieure à celle d’un sol dur. Ainsi, on chauffe moins : comptez en moyenne une baisse de la facture de 4 à 6 %. Habituée à recouvrir le sol, la moquette s’invite aussi désormais sur nos murs. « Elle ressemble alors à un tableau que l’on peut personnaliser avec une photographie imprimée dessus par exemple, explique Corinne Impellizzeri, déléguée générale de l’Union Française des tapis et moquettes. De manière générale, l’offre de moquette est de plus en plus variée en termes de motifs, de matières et de couleurs. Les teintes chocolat, aubergine et framboise sont très tendance, tout comme l’association du rose et du marron. » Il y a également un fort engouement ces derniers temps pour les moquettes puzzles qui s’adaptent à toutes les fantaisies. Le fabricant Vorwerk en propose en collaboration avec Esprit Home : le modèle Islands se compose ainsi de dalles textiles auto-adhésives disponibles en 16 coloris. À disposer au sol selon vos envies…

Oust à la poussière !

« Contrairement aux idées reçues, la moquette est aussi un revêtement hygiénique, soutient Corinne Impellizzeri. La poussière demeure prisonnière des fibres jusqu’au passage de l’aspirateur, alors que sur un sol dur, la poussière vole au moindre souffle d’air et atterrit dans nos bronches. » Certains fabricants ont décidé d’aller plus loin pour assurer une meilleure qualité de l’air. Il en va ainsi de Desso, avec sa collection Airmaster qui est huit fois plus efficace en termes de capture et de rétention des particules de poussière fines qu’un revêtement de sol dur, et quatre fois plus que les moquettes classiques. Le tout sans aucun additif chimique. De son côté, Balsan a mis au point le soin SilverCare, qui est appliqué à toute sa gamme résidentielle directement dans le processus de fabrication. Un soin aux propriétés naturelles à base d’ions argent, reconnus pour leurs vertus antiseptiques, qui sont libérés progressivement dans la moquette grâce à l’humidité ambiante de la pièce. Il recouvre les fibres d’une enveloppe protectrice efficace pendant toute la durée de vie de la moquette pour éliminer les bactéries et les acariens.

Laine, poil de chèvre, maïs, betterave et riz

Souvent réalisées en nylon ou en polyester, des fibres synthétiques dérivées du pétrole, les moquettes n’étaient pas, jusqu’à peu, considérées comme des produits particulièrement écologiques. Il existe aujourd’hui des moquettes respectueuses de la planète à base de matières naturelles : 100 % laine chez Toulemonde Bochart, fil de laine non teinté chez Domo ou Choletton, poil de chèvre chez Bien-être Matériaux… Le sisal, plante d’origine mexicaine, a aussi séduit les fabricants : des fibres très résistantes sont extraites des feuilles pour fabriquer des cordages, des tapis, mais aussi des moquettes. Encore plus étonnant : la moquette PathWays d’InterfaceFlor, récompensée il y a quelques années pour son innovation. Elle est composée de dérivés fermentés de maïs, de betterave et de riz : 100 % naturelle, cette dalle de moquette est recyclable.

La colle, une plaie pour la planète

En rayons, cherchez le label GUT, de l’Association européenne des tapis et de l’environnement. Les contrôles portent sur les matériaux utilisés, les processus de teinture et la réduction de la consommation d’eau, mais aussi d’énergie. Plusieurs substances sont prohibées : les produits hydrocarbonés nuisibles à la couche d’ozone, le formal­déhyde, connu pour ses effets irritants sur les yeux, la gorge et le nez, ou encore les métaux lourds. Le GUT encourage aussi la récupération et le recyclage de moquettes usagées. L’association coopère également avec les industriels pour mettre au point une nouvelle génération de colles qui n’affectent pas la santé du consommateur. Le but ? Réduire les vapeurs de solvants pour améliorer la qualité de l’air intérieur. Il existe aussi des techniques alternatives : pose tendue, pose sur ruban adhésif pour les petites surfaces, utilisation de bandes type Velcro, application de points de colle…

Des moquettes recyclées en moquettes

Hélas, jeter une moquette lors d’un déménagement ou à la fin d’une exposition reste encore une pratique courante. Un gaspillage qui a inspiré la création de moquettes conçues à partir de fibres recyclées pour équiper nos bureaux et nos maisons. Le fabricant Desso propose ainsi, dans plus de 60 % de sa gamme de dalles de moquette, du fil Econyl, entièrement issu du recyclage. La séparation des fibres et de la sous-couche des dalles de moquettes usagées est effectuée dans une usine appartenant à Desso. Après une phase de purification, les fibres des dalles de moquettes sont reconverties en matériau de base et renvoyées au fabricant pour qu’il puisse produire un nouveau fil. Cette nouvelle fibre issue du recyclage vient compléter le lancement, en 2010, d’EcoBase, une sous-couche moquette entièrement recyclable. À noter que la marque Balsan utilise également du fil Econyl dans certaines de ses moquettes. Vous trouverez un modèle dans le même esprit chez Saint-Maclou. Baptisée Easyliving, cette moquette est fabriquée à base de fibres textiles 100 % recyclées et présente l’avantage d’afficher un prix très abordable : moins de 15 ¤ le m².

Une fabrication neutre en carbone

InterfaceFlor a aussi relevé le défi en lançant sa gamme éco-conçue Biosfera, fabriquée en cycle fermé. En effet, l’utilisation de fibres vierges implique un traitement à base de produits issus de la pétrochimie qui représente les deux tiers de l’empreinte écologique de la moquette. S’en passer totalement permet donc d’économiser la ressource, de réduire les déchets et de limiter l’impact sur la planète. « Nous avons aussi lancé des modèles réduisant la quantité de fibres nécessaires, même si elles sont recyclées, sans altérer la qualité du produit », souligne Laure Rondeau, responsable du développement durable chez InterfaceFlor, entreprise qui participe actuellement au programme expérimental d’affichage environnemental. « Une dalle de moquette standard contient environ 700 g de fibres par m². Grâce au procédé Microtuft, nous avons réduit ce chiffre quasiment de moitié. Grâce à notre programme Cool Carpet, nous produisons déjà des dalles de moquettes neutres en carbone. Ce programme calcule les émissions de CO2 générées sur l’ensemble du cycle de vie du produit et les compense via des investissements dans des projets écologiques. Notre objectif est de ne plus avoir d’impact négatif sur l’environnement d’ici à 2020. »

Des bouteilles en plastique recyclées

Autre innovation écolo : les moquettes en R-PET, comprenez en polyéthylène téréphtalate de récupération. Cette fibre provient du recyclage de bouteilles d’eau minérale. La qualité de la moquette est inchangée, elle possède les mêmes performances qu’un modèle synthétique. Vous en trouverez en noir, chanvre ou gris chiné chez Sommer Needlepunch (collection Ka-RPET). Basée dans le Nord, à Baisieux, cette société propose aussi une gamme en fibres 100 % naturelles fabriquées exclusivement à partir d’agro-ressources renouvelables. Un procédé breveté permet de transformer le sucre des plantes en polymères naturels. La fabrication de la gamme Éco2 Déco réduit les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, avec 60 % de CO2 dégagé et 50 % d’énergie consommée en moins par rapport à une moquette classique. Si vous la choisissez pour votre intérieur, vous pourrez vous vanter d’avoir la même moquette que celle de grands événements comme le Festival de Cannes ou le dernier sommet de Copenhague.